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Un autre regard sur le monde

JE REVAIS DE L‘AFRIQUE

JE REVAIS DE L‘AFRIQUE

D’autant que je me souvienne, déjà toute petite je collais des images d’animaux sur mes cahiers d’école.

Non pas des rennes ou des ours blancs, non, des animaux d’Afrique.

J’étais fascinée par les masques bantous accrochés aux murs des amis de ma mère, alors que les autres enfants en avaient peur!

Mais plus que tout, j’aimais me rendre dans le vieil appartement de mon pépé, aujourd’hui défunt,où la TV toujours allumée diffusait des documentaires sur des contrées sauvages.

Bien entendu, gamine, mon monde s’arrêtait à mon quartier et je n’imaginais ni l’existence d’autres pays, ni ne situait le lieu de vie de «mes» girafes et éléphants…

Et puis un jour, je ne sais même pas comment c’est arrivé, à 19 ans, je me suis trouvée dans un avion zébré qui m’a déposée sur le tarmac brulant de l’aéroport de Mombasa, au Kenya. Un choc.

Un choc thermique d’abord, un choc culturel, un peu…

Un minibus m’a alors rapidement conduite dans un hôtel splendide au bord d’une plage de sable blanc bordée de cocotiers. Tout y était, le confort, le charme des jardins luxuriants, le personnel souriant. Alors pourquoi quitter l’enceinte de cette bulle dorée?

Parce que j’avais viscéralement besoin de voir ce qu’il y avait dehors, au coin de la rue…

Avec mon copain nous étions les seuls Wazungus dans le bus déglingué qui menait en ville. Et si au final je trouvais bien comique que, debout devant le moteur découvert, nous étions presque couleur locale, le véritable choc fut à Mombasa. Poussière, détritus, gaz d’échappement, misère et bien pire me frappaient de plein fouet et sans filtre…

Ça a bouleversé ma vie. Changé à jamais la jeune femme que j’étais alors. En mieux.

Je ne saurai dire pour quel motif je me suis tant attachée à ce pays, mais dès lors, j’en rêvais jours et nuits des années durant, en visionnant tous les «Out of Africa» et autres «gorilles dans la brume»…

L’an prochain je t’emmène voir des gorilles» me dit un jour mon mari, 27 ans plus tard, de but en blanc. Je l’ai dévisagé, incrédule, mais il était sérieux. Des gorilles ! Incroyable ! Je ne savais même pas qu’un touriste puisse espérer les approcher. … Au Rwanda!

-«C’est où le Rwanda?»

– «Je ne sais pas» m’a-t-il répondu.

A compter de ce jour, je n’ai plus lâché mon meilleur ami, google J.

Et, à 46 ans je réalisais un fantasme que je n’aurai jamais imaginé possible… J’allais marcher dans les pas de DianFossey! Je n’étais plus devant ma télé, j’étais DANS le film!

Évidemment on m’a parlé du génocide, bien sûr on a essayé de me dissuader. C’était mal me connaitre. Je VOULAIS aller au Rwanda.

Mais, quand on arrive timidement dans un pays que tout le monde vous déconseille, on marche sur des œufs…

Et pourtant, quelle révélation, quelle beauté, quel pays sublime ! Quel exemple!

LE PLUS GROS COUP DE CŒUR DE MA VIE.

Alors que les autres touristes grimpaient péniblement sur les pentes glissantes du Karisimbi, la motivation et les poumons remplis d’allégresse, je rejoignais «mes» gorilles presque en lévitation sur la forêt impénétrable.

Une rencontre bouleversante, un moment inoubliable et magique.

J’avais tatoué l’Afrique dans mon âme depuis bien longtemps, mais cette expérience a encore fortifié les liens m’unissant au beau continent.

Cependant, bien que cela aurait suffi à me combler, le Rwanda ne se résume pas uniquement aux primates  ….

Le pays offre des paysages majestueux entre lacs, volcans et collines où se déploie une palette de verts, de la plus tendre feuille de thé, au vert profond de la jungle ou au bleu odorant des eucalyptus.

Comment ne pas tomber sous le charme de sa population qui vous sourit timidement lors de votre passage, comment ne pas admirer un peuple et son dirigeant avançant ensembles dans le même sens pour se reconstruire après un passé si tragique?

Je repartirai du Rwanda des étoiles plein les yeux.

Alors, pour quelle raison cet engouement, cette flamme, cette adoration pour l’Afrique?

Entre elle et moi c’est une longue histoire d’amour. Un amour entier, sincère, intense. Indescriptible.

Que ce soit dans une tribu Massaï, dans la brousse, dans la forêt primaire ou avec des danseurs Intore, c’est là que je me sens vivante.

Décrire pourquoi l’on tombe amoureux, d’une personne, d’un pays ou d’un endroit, est illusoire, quand c’est juste la magie qui opère et que l’on n’a plus d’emprise ni sur la raison ni sur le coeur….

Merci pépé d’avoir guidé mes pas vers ce beau continent…

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